Dix-sept voitures, 37 personnes (beau score !)répondent présents à l’invitation lancée par Monique et Daniel IMBERT. Machine à café en panne, fil de bougie volage, trajets « à variante » malgré les regroupements prévus…
Nouvelles anecdotes de cette belle journée ensoleillée, où l’amitié a rendez-vous : à peine débarqués des voitures, dans le joli parc de nos hôtes, les discussions s’engagent, et il faut rappeler plusieurs fois que nos hôtes nous ont concocté un beau petit programme : il faut respecter le timing. Les délicieux gâteaux apportés, arrosés de jus de fruit ou d’expresso maison (il y a toujours une solution aux Panhardistes débrouillards, n’est ce pas! Ce n’est pas l’expérimenté Daniel dans l’art du dépannage qui va s’en laisser conter ; j’en profite pour évoquer un autre expert de la journée, Guy, qui exercera ses talents sur deux 17 : la « monocylindre » d’Angelo, et « l’énigmatique » arrivée d’essence difficile ou bien bobine bouillante?
Tout ce petit groupe se met en convoi, pour se diriger vers le Musée de l’Ephémère à Baccarat, haut lieu du cristal.
Sébastien notre talentueux guide, nous conte d’abord l’histoire de Baccarat, qui a commencé –du moins ce que l’on sait- à l’époque gauloise par le village de Deneuvre, sur la colline voisine. Les Salines sont exploitées par voie humide (évaporation de la saumure) nécessitant de grosses quantités de combustible bois, arrivés par flottaison sur la Meurthe. Vers la fin du 18è, une énorme crue de la Meurthe inonde toutes les salines : la fin de cette exploitation amène la misère dans la région, il faut trouver une autre activité (illustration s’il en était besoin de la nécessité impérieuse depuis toujours aux hommes de s’adapter -comme quoi la crise (de mondialisation ?) actuelle est en réalité permanente depuis l’histoire de l’Humanité).
Le cristal est importé de Bohême? Déplaçons l’activité « chez nous », d’abord en amenant les techniques de finition (le taillage). A cette époque, la Lorraine dévastée et dépeuplée par la guerre de 30 ans –le château de Deneuvre a été rasé- est terre d’immigration. Rapidement Baccarat et sa cristallerie se développe, poursuivant l’exploitation de la ressource bois énergie provenant toujours par flottaison des Vosges voisines.
La vie sociale s’organise autour, sur le même modèle qu’à beaucoup d’autres endroits : activités à haut savoir-faire se transmettant entre générations, habitations regroupées, centre de soins, etc.
Et oui centre de soins, rendu nécessaire par la profession : le cristal est composé au départ de silice, de potasse, et … pour près d’ un tiers d’oxyde de plomb (plus connu sous le nom de minium) très volatile, dont on ignore à cette époque les effets nocifs sur la santé (saturnisme). En comparaison à la fabrication du verre, c’est cette haute teneur en oxyde de plomb qui rend la matière plus solide et plus transparente ; et plus lourde aussi : densité 3 (le verre est à 2,5). Ces masses à porter entrainent également les problèmes musculaires. Le travail est posté (type 3 x 8), car le four ne supporte pas des écarts de température importants (1 mois de mise en chauffe au démarrage, délai encore plus long pour le refroidir, et malgré cela destruction partielle des réfractaires).
Il est temps de raconter la fabrication :
Le four à pots est circulaire: les 12 à 20 pots (suivant la taille du four) sont alignés en périphérie du cercle, autour de la chauffe centrale ; du béton réfractaire ferme les espaces inter-pots. On chauffe au bois -donc sans régulation ni puissance de feu moderne- avec des cycles de variation de température autour de 1300 °pour fondre et débuller la matière- la composition (quelques 300 kg d’ingrédients en poudre) placée dans un des pots ; après plusieurs dizaines d’heures de chauffe, le cristal est prêt à être cueilli.
L’équipe de 6 personnes s’active à la fabrication du verre (en cristal, si vous avez tous suivis mon propos). La canne est plongée dans l’ouvreau du pot, par le cueilleur, qui retire la quantité de matière nécessaire et alors commence la rotation manuelle continue de la canne, puis après du pontil de reprise, afin de répartir de manière homogène la couche de verre sur la périphérie de la « paraison « = le contenant du verre ». Le chef de poste place la matière se trouvant au bout de la canne verticale, dans le moule qu’un « gamin » a ouvert puis fermé autour du cristal ; le chef de poste souffle dans la canne creuse, obligeant ainsi le cristal à prendre la forme du moule. Le cristal un peu refroidi a perdu sa fluidité :il conserve la forme donnée par le moule. Un nouvel apport de matière constituera la jambe, bien centrée (quel œil pour viser le centre de la paraison, quelle précision du geste !) : le simple contact appuyé du cristal chaud permet la soudure ; la jambe est étirée avec une pince aux becs réfractaires, la juste longueur étant coupée aux ciseaux. Puis viendra le pied.
Une autre canne, appelée « pontil », sera soudée au pied pour permettre d’achever le travail sur la paraison (couper la coupole supérieure de la bulle), rebrûler la coupe pour en adoucir le profil (pas question de couper les lèvres du buveur !), etc.
Le « gamin finira ce cycle manuel de fabrication du verre, en allant le placer dans un four de recuisson. Le recuit, réchauffage suivi d’un lent refroidissement, permet de supprimer les tensions internes dans la matière qui fragiliserait le cristal.
« Donner sa chance » : Le « gamin », qui entre dans la vie professionnelle à 11 ans, a une dure vie : arrivé le 1er sur le poste de travail à 5h pour assurer le nettoyage des postes, il ira ensuite en cours l’après-midi. Cette dure méthode permet la sélection, et d’orienter chacun, en fonction des capacités montrées, vers des postes plus ou moins techniques.
Revenons rapidement au produit : Le verre (en cristal, pour ceux qui n’auraient pas suivi) étant refroidi, passons aux étapes de finition : la gravure au disque (abrasif) ou à l’acide. A partir d’un dessin, le tailleur trace au compas les motifs, puis les taille. Dans le cas de traitement par l’acide fluorhydrique, les zones non taillées sont protégées (initialement par du goudron, ensuite avec de la cire).
Mais Baccarat, à la réputation internationale (plus des ¾ des produits sont exportés) assure aussi des « fabrications de poids », jusqu’à 40 kg : la pureté du cristal, son exigence de transparence, la durée des opérations de taillage (jusqu’à 700 heures, par exemple pour une splendide barque : un seul mauvais geste, et tout ce cumul de travail d’équipes partira à la casse : l’exceptionnelle qualité est à ce prix. Les articles sont multiples : des lustres aux milliers de pièces plus scintillantes les unes que les autres pour un jeu de lumière exceptionnel, des objets massifs d’une complète et parfaite transparence, etc etc. J’abrège, il y aurait tant à dire….
Après l’excitation des yeux, les estomacs se réveillent. Monique et Daniel nous ont concoctés un trajet découverte sur des petites routes de campagnes. Un amusant questionnaire oblige –s’il en était besoin- à observer les endroits traversés.
Une chaude terrasse bien ensoleillée nous accueille pour l’apéro, avant les agapes du Péché Gourmand.
Il est déjà 15h30 !! Si certains - éloignés - prennent congés, la petite troupe se rend au Château de Lunéville, par des itinéraires divers –on ne se refait pas ??? mais l’essentiel est bien de se retrouver- oui ? non ? en fait certains se balladeront dans les cours et jardins, alors que d’autres iront directement étancher leurs soifs aux accueillantes terrasses face au Château ; tous d’ailleurs finiront par les rejoindre, et c’est là, dans un pot toujours plein de convivialité, d’amitiés, que s’achèvera cette superbe sortie.
Un mot sur ce fameux château, reconstruit par le Duc Leopold 1er au début du 18è sur le modèle versaillais : château repris ensuite par Stanislas, roi de Pologne exilé ; à sa mort : rattachement du Duché de Lorraine à la France de son beau-père Louis XV.
A plusieurs moments dans le cours de la journée, notre Président Thierry a évoqué le futur proche, notamment la demande de volontaires pour l’organisation de l’AG nationale 2016, mais pas que …
Au programme :
•Réunion du « Bureau élargi » à Frouard mardi 2 Juin à 18h30 (préparation AG 2016).
•Lac de Madine les samedi 13 & dimanche 14 Juin. Le Club dresse un chapiteau et emmène un barbecue.
•Automania à Freistroff le dimanche 21 Juin (s’inscrire auprès de Jean MEYER qui contactera l’organisateur, afin de permettre un regroupement des Panhard sous la banderole CPLF).
•Créhange samedi 12 & dimanche 13 septembre
•Sortie d’Automne le 27 ?? septembre : appel aux volontaires pour la préparation de cette journée.