30 ans d'AUVERLAND (1987 - 2017)
La manifestation que nous allons relater ici pourra, à bon droit, interloquer de nombreux panhardistes, surtout de la section RAA, qui n'en ont jamais entendu parler, et pour cause ! Nous verrons pourquoi.
A l'origine, une sollicitation de M. JAMMES, directeur de l'usine Panhard Défense de Saint Germain Laval. Ce printemps, notre interlocuteur nous informa de l'organisation, ce fameux jour, d'une journée commémorative au sein de la société. Le terme de "journée portes ouvertes" serait impropre, puisque s'agissant du comaine sensible de la défense, les usines de ce type ne sont jamais "ouvertes", et encore moins dans le contexte que nous connaissons. On va le voir, on nous proposait d'exposer un petit nombre de nos Panhard; la journée n'était pas ouverte au public, et nous n'y avons vu aucun journaliste : seuls les salariés, leur proche famille et les collectionneurs exposants étaient admis, moyennant une inscription préalable.
Mais revenons un peu sur l'historique de la société, du moins pour les Panhardistes que le sujet intéresse. Le site industriel "Pralong" est situé à l'ancienne gare de Saint Germain Laval (période 1901 - 1939!). Le plus ancien bâtiment était l'atelier de réparation des locomotives; il s'agissait alors du centre du réseau du CFC (chemin de fer du centre) où était assuré le stockage et la maintenance du "tacot", petit train circulant sur les lignes à voie métrique de la région. Devenu atelier de l'Aix après guerre, le site a été propriété du groupe GEVARM (Gévelot) qui fabriquait, en particulier, des chargeurs et bouteurs à chenilles.
Durant les années 70, GEVARM acquit la licence de fabrication du véhicule Cournil, conçu après guerre par un ingénieux constructeur auvergnat, Bernard Cournil. Par la suite, la société Autoland (puis Auverland en 84) reprit le flambeau en présentant le fameux véhicule tout terrain A3, aux exceptionnelles qualités de franchissement. En 2005, la société Panhard Général Défense nait de la fusion entre Panhard & Levassor et Auverland.
La société revendique environ 300 salariés, dont 230 au siège et à l'usine de Marolles (91) et les autres à Saint Germain Laval. De 2005 à 2012, l'usine de Pralong a fabriqué en série les châssis et la caisse blindée du PVP (Petit Véhicule Protégé) ainsi que de nombreuses pièces pour les autres véhicules de la gamme. Plus de 1200 PVP ont ainsi été livrés à l'armée française. (Depuis la fin 2012, Panhard Général Défense est une filiale de Renault Truck Défense; RTD appartient maintenant au groupe mondial AB Volvo)
Ce fameux samedi, notre mini gamme de PL après guerre se présente à l'entrée de l'usine à 8h15! Nous n'avons contacté que des panhardistes des environs, puisque l'organisateur ne souhaitait que rappeler le lien de Panhard Défense avec l'automobile; la majorité des collectionneurs attendus (26 véhicules prévus) est constitué, on s'en doute, de propriétaires de Cournil. Sont donc présents pour Panhard : Bernard Ledent en Dyna X86, André Charreyron en Junior Cabriolet, Nicolas Giammarinaro en PL17 L4 et moi même en PL17 L6. Nous sommes accueillis par le directeur en personne! Possesseur lui même d'un Citroën H, M. Thierry Jammes est aussi membre de l'AVAIA de Lapalisse (03), association qui oeuvre dans le domaine des utilitaires anciens, et dont nous avions naguère visité le site de Saint Prix, dans le cadre d'une sortie "bouchon"! Le staff du site de Pralong nous fait placer d'un côté de la cour, face aux 4X4 Cournil et Auverland, après nous avoir remis un petit cadeau de bienvenue.
Mais notre groupe n'aurait pas été complet sans l'une ou l'autre doyenne! Gérard Nayme est donc venu à bord de sa Panoramique X72 de 1934, dont c'est pratiquement la première sortie depuis qu'il en a terminé la restauration!
Grâce à lui, un vénérable ancêtre est également présent puisque le montbrisonnais Marc Blanc a déplacé sa wagonette type M2F de 1897, l'ancienne voiture de M. Albert Clément Bayard! Il la possède depuis environs 50 ans, mais n'a entrepris de la remettre en route que depuis une décennie, grâce au mécanicien Serge Peuvergne, dont le talent s'étends jusqu'aux avions anciens! Inutile de dire que la présence de cette rarissime automobile crée immédiatement un véritable attroupement! Une plaque explicative et l'amabilité du propriétaire, et du mécanicien, nous permettent d'en apprendre un peu plus sur ce modèle!
{wmv}M2F{/wmv}
Il est équipé d'un moteur "Phénix", dérivé du Daimler, un bicylindre en V de 90X130: 1648 cm3 et 6 CV. Il s'agit, à coup sûr, d'une des toutes premières autos utilisant des pneux (880X120) et, aussi, équipée d'un volant de direction (date exacte de 1ere mise en circulation 23/11/1897).
Le radiateur en serpentin aurait été suggéré par le pilote Léonce Girardot, et fabriqué par Grouvelle et Arquembourg. Le mécanisme est muni d'un inverseur, il y a donc 4 vitesse avant et 4 vitesses arrière! La voiture est capable de quelques 20 km/h, vitesse inouïe pour l'époque! Le système d'allumage par brûleurs a été remplacé (provisoirement peut être) par un système plus récent mais le réglage reste délicat : il s'agit d'un moteur à régime constant, il convient donc de jouer sur l'avance pour accélérer. Pour ralentir, une pédale permet, via un ingénieux montage, de débrayer d'abord une soupape d'échappement, puis la 2eme le cas échéant! Il n'y a naturellement, pas de roulements de roues (ils n'étaient pas encore inventés) mais des boites à graisse, comme sur les charrettes, mais on n'en finirait plus de détailler cette réalisation pionnière! La visite de l'usine nous attend, après le café viennoiserie.
Je ne m'étendrai pas trop sur les détails pratiques qui ne peuvent intéresser que des techniciens, le circuit est classique, ateliers de tôlerie, peinture, collage vitrage, sellerie, montage, assemblage des prototypes (SGL dispose de son propre bureau d'études). Bernard Ledent dont c'est un peu le travail, se croirait presque au boulot! Nous terminons la visite par un petit musée, récemment installé pour retracer la riche histoire du site de Pralong.
A la mi journée, la direction avait modestement annoncé un "apéritit dinaoite", en fait c'est un copieux buffet qui nous est aimablement proposé; il sera semble t il fort apprécié par les participants à cette agréable journée (320 personne sprévues).
En début d'après midi, après le départ de la Wagonette remise sur sa remorque, nous ne manquons pas de faireune photo souvenir de nos autos dans l'usine du même nom! Après quoi nous reprendrons la route du retour, très satisfaits du déroulement de cette visite inattendue!
Philippe Cherrier.